38h30 de vol aller retour et 3400 miles nautiques soit 6262 km!
SUR LES TRACES D'AIR ORIENT : MISSION REUSSIE ! par Serge BOICHOT Impressions personnelles. par Philippe SILVY


AIR ORIENT a été, à partir de 1928, la première ligne aérienne régulière entre la France et le Proche Orient. Elle transportait, dans des hydravions antiques, de Marseille à Beyrouth, des sacs de courriers et quelques passagers courageux sur les plus belles escales de la Méditerranée : Naples, Corfou, Athènes, Rhodes, Castellorizo et Chypre.


Nous avons suivi, avec un appareil de tourisme, aux même altitudes et à des vitesses très similaires, le même trajet, soixante dix ans plus tard, depuis Gap jusqu'à Beyrouth. Nous avons suivi la route vers la Corse, puis, comme nos prédécesseurs, nous avons dû renoncer, après plusieurs tentatives, à franchir les orages qui couvraient les Apennins, au-dessus de Naples. Nous avons traversé l'Italie le lendemain, slalomé ensuite entre des cathédrales de nuages qui bouchaient le Péloponnèse et survolé à basse altitude d'innombrables îles grecques, qui surgissaient de la brume de mer comme des apparitions. Nous avons navigué sans visibilité durant des heures au-dessus de la mer Égée et nous sommes posés sur la grande piste de l'île de Rhodes, à la tombée de la nuit alors que nous ne l'espérions plus. Nous sommes aussi passé dans les turbulences du mont Olympus à Chypre, et puis nous nous sommes posés à Beyrouth, dans un air qui sentait le sable, la poussière et la victoire. Durant ces quelques jours de vol, j'ai eu le sentiment que la ligne AIR ORIENT était de nouveau active, et qu'en suivant les anciens horaires des vols, nous réveillions les fantômes du passé. Après un jour et demi seulement à Beyrouth, il nous a fallu quitter cette ville renaissante pour re-décoller dans la brume sèche vers Chypre, où une pluie froide et pleine de sable nous arrêta 24 heures, puis vers Rhodes à nouveau, le lendemain, sous des grains qui nous masquaient par moment toute visibilité.
Le sentiment que l'on peut éprouver, dans un avion monomoteur, en pleine mer sous la pluie, à plusieurs centaines de kilomètres de son terrain de destination est difficilement exprimable. On se concentre sur ses instruments et sa navigation, on écoute les battements du moteur, et on évite de regarder dehors, car il n'y a que la pluie et la mer grise.
Nous avons fait escale à Mykonos, sur un terrain désert, puis à Corfou, dans le soleil couchant qui nous aveuglait. Nous avons remonté la côte Dalmate, posé à Rimini et attendu encore 48 heures que la pluie cesse. Jeudi dernier, nous avons essayé de traverser l'énorme dépression centrée sur l'Italie, en vain, avant de nous dérouter, presque sans essence sur un terrain perdu du Nord de la péninsule et jouer enfin un dernier jeu de cache-cache avec les orages pour regagner Gap, par la plaine du Pô et Gênes.
Je ne fais que résumer ce voyage, les 3400 nautiques de ce trajet mythique qui nous ont replongé, durant dix jours et 40 heures de vol, dans la réalité des équipages d'AIR ORIENT. Lorsque au hasard d'un aéroport un pilote ou un contrôleur nous demandait d'où nous arrivions et où nous allions, et que nous lui répondions, que nous lui parlions de la Ligne, il nous regardait attentivement, regardait notre avion, nous regardait à nouveau et finissait toujours par hocher la tête en disant " c'est un long voyage" . C'était effectivement un long et beau voyage !

Serge BOICHOT le 8 mai 2004

Au contraire de mes deux camarades pilotes confirmés, je ne suis pilote breveté que depuis le mois de novembre dernier. Je réalise aujourd'hui après avoir rejoint mes Hautes-Alpes natales que je n'avais pas bien mesuré la taille du défi que Serge BOICHOT m'a proposé en m'invitant à participer à ce raid aérien sur les traces d'Air Orient en tant que photographe et concepteur du site Internet perso.wanadoo.fr/gap.air.orient Immédiatement séduit par le projet, j'ai tenté d'y impliquer des élèves des classes élémentaires des Hautes-Alpes, des Lycées Français de New York et de Washington. Grâce à l'accord de l'Inspecteur d'Académie et à mon métier d'instituteur, des exposés et des dessins d'avion ont rapidement intégré les pages du site et j'espère bien continuer à recevoir des créations personnelles. Le fils d'un mécanicien basé à l'hydrobase AULO de Corfou Govino de 1929 à 1936 nous a même contactés, heureux de lire un témoignage des exploits de son père et prêt à nous fournir son témoignage. Si j'ai pu lire et découvrir les exploits de ces aventuriers du début du siècle à travers les revues aéronautiques que nous avons utilisées pour documenter le site, je crois avoir aujourd'hui touché de beaucoup plus près leurs sensations. L'importance de chaque détail tant dans la préparation de l'appareil et du matériel de vol que dans l'organisation intérieure dans cet espace exigu est prépondérante. Il faut être efficace en l'air mais aussi au sol où les démarches administratives : paiement de la taxe d'aéroport et contrôles des douanes, le ravitaillement en carburant, la consultation de la météo dans des salles d'opérations et le dépôt des plans de vol sont autant d'obstacles à effacer avant de reprendre le cours du voyage. Des obstacles répétés à chaque atterrissage avec des nationalités différentes, pour la plupart européennes, et donc des individus le plus souvent agréables et prêts à nous aider. L'homme ou la femme qui nous accueille après une traversée de trois heures suspendus aux ailes de notre minuscule Piper prend vite des allures de sauveur. Vincent m'avait dit qu'on pouvait perdre plus de temps au sol qu'en l'air et les files d'attente à Rhodes de retraités scandinaves rentrant de vacances l'ont vérifié. Je me souviens aussi d'un Serge pragmatique, consultant sa montre à l'ombre de l'aile de l'avion comme il l'a fait tant de fois en vol pour déclencher son chronomètre et vérifier les indications de nos appareils de vol sur la carte que lisait Vincent. une borne chronologique rythmant notre voyage. Un voyage superbe pour l'exploit sportif et la quantité de pilotage qu'il représente mais aussi pour les paysages traversés. Du bleu des traversées maritimes au jaune des côtes de Chypre et du Liban, les rouge, vert et blanc des îles grecques ou Croates sont imprimés dans mes lunettes de soleil. Le goût des pattes italiennes, du giros grec et de l'humus libanais l'est dans mon palais et la musique chypriote du mariage célébré à Paphos dans notre hôtel dans mes oreilles. Comblé, j'ai aussi eu la chance de piloter moi-même à l'arrivée sous le soleil couchant de Corfou et après les inondations en Italie sur la plaine du Pô, laissant pour quelques heures l'œil de mon appareil dans les mains de Serge, tentant de lutter contre la hâte de rentrer trop vite et de prendre trop de risques. Aujourd'hui posé à Gap je me souviens donc, je raconte et le voyage continue, à travers le site Internet certes mais aussi dans ma mémoire car ces rencontres et ces paysages ne sont pas prêts de s'effacer.
Philippe SILVY le samedi 8 mai 2004
   

Nous sommes rentrés jeudi 6 mai au soir à la tombée de la nuit.

Nous avons pu enfin passer cette barrière orageuse qui nous avait immobililisés deux jours à Riminy en Italie.

 

Dimanche 25 avril:
Une belle journée de printemps nous accompagne à Avignon où nous devons aller chercher le Piper Archer II qui nous transportera au bout de la Méditerranée. L'aéroclub Vauclusien nous reçoit cordialement avant de nous laisser décoller vers Gap. La météo défavorable sur la Grèce et l'Italie nous contraint à repousser le départ à mardi 27 avril 6h du matin.

Lundi 26 avril:
Les sacs sont prêts, le plein est fait. Une dernière photo sur le sol Haut Alpin. Vivement le décollage...

Mardi 27 avril
Dès l'aube, en route pour le Liban.
Les étiquettes de la compagnie Air Orient repèrent nos bagages.
Mardi 27 avril
Gap- Ajaccio - Salerne. Les orages nous arrêtent.
Mercredi 28 avril
Salerne - Corfou - Athènes - Rhodes.

Nous atteignons Rhodes à la tombée de la nuit après une halte forcée sur Athènes.
   
Jeudi 29 avril
Rhodes - Chypre (Larnaca) - Beyrouth
Rencontre avec Georges notre sympathique et efficace contact à Beyrouth
Vendredi 30 avril une journée de repos à
Beyrouth ville de contrastes
.
Samedi 1er mai
Beyrouth - Chypre (Paphos)
Des grains sur la Méditerranée compromettent la traversée sur Rhodes
Dimanche 2 mai
Paphos - Rhodes - Mykonos - Corfou
Le temps est de nouveau clément. Les île grecques défilent jusqu'au soir.
Lundi 3 mai
Corfou - Split - Zadar (Croatie) - Riminy
La plus belle journée sur la côte est de l'Adriatique.
Mardi 4 mai mercredi 5 mai
Scotchés à Riminy
Les inondations dépriment l'Italie
Jeudi 6 mai
Riminy - Ravenna - Borgio di Julia - Voghera - Cannes - Gap

Après un demi tour face aux nuages. Nous cheminons dans la plaine du Po, les orages barrent les montagnes et l'accès à la mer, jusqu'à une percée sur Albenga.
Le retour Cannes - Gap se déroule sans encombre et la neige des sommets nous acceuille.
Déchargement au pied de Céúze à la tombée de la nuit. La boucle est bouclée.
Bientôt plus de détail et des photos: étape par étape, les informations techniques, les détails météo et nous l'espérons votre participation...
Le témoignage du fils d'un des mécaniciens basé près de Corfou pendant l'époque de la ligne d'Air Orient.
Philippe SILVY